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Crème solaire : tout savoir sur sa protection et ses dangers pour l’environnement

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La crème solaire est une alliée indéniable pour notre santé cutanée. Pourtant certains de ses ingrédients ne sont pas anodins. Même si ses bénéfices sont largement supérieurs à ses risques, on ne peut pas nier que l’impact de ces composantes reste encore mal connu et parfois préjudiciable, surtout pour l’environnement. 

Beaucoup d’études dénoncent également un possible effet sur la santé sur le long terme, notamment avec des substances accusées d’être des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qui agissent sur notre système hormonal. 

Avec cet article, nous allons vous donner une petite idée de ce que sont ces substances nocives ou suspectes, afin de pouvoir les éviter lors de l’achat de protection solaire. 

Nous avons récolté plusieurs articles de l’OCU (Organizacion de Consumidores y Usuarios), une organisation indépendante reconnue en Espagne, ainsi que de 60 Millions de Consommateurs et quelques autres informations sur des sites spécialisés tels que Agir pour l’Environnement.

La Protection UVA et UVB

Avant d’aller plus loin, il est important de comprendre de quoi notre santé doit se protéger. 

Il y a principalement 2 types de rayons : les UVA et UVB. 

Les rayons UVB sont la cause principale des coups de soleil. Les UVA pénètrent la peau de manière plus profonde et participent à son vieillissement prématuré.

Bateau et creme solaire
L’eau réflète les UV

Il est important de choisir une crème qui protège des deux types d’UV.

Même si on a tendance à se focaliser sur les UVB, les UVA peuvent aussi être des facteurs de risque de cancers. 

Lorsque vous choisissez votre crème solaire, assurez-vous qu’il y ait le logo UVA soit aussi indiqué. 

L’indice de protection solaire

Même si le niveau de protection ne doit pas vous influencer sur la fréquence d’application de votre crème solaire, sachez que le niveau de protection peut vous permettre de mieux protéger votre peau selon ses besoins.

En effet, on n’a pas les mêmes besoins selon l’époque de l’année, l’heure de la journée, le lieu d’exposition, la chaleur, ou la couleur de notre peau.

Si toutes les peaux ont besoin d’une protection solaire (non, aucune peau n’est insensible au soleil!), leurs besoins diffèrent.

Il faut aussi se méfier de nos fausses sensations: un temps nuageux ne nous protège pas forcément du soleil. La réflexion du soleil peut également être traître, notamment la réflexion de l’eau ou de la neige. C’est par exemple sur un bateau où la sensation de fraîcheur du vent nous trompe, ou à la montagne au froid, qu’on risque peut-être le plus de brûler.  

Raison de plus pour bien connaître les indices de nos crèmes solaires.

L’indice de protection est le suivant :

  • faible protection (6 – 10),
  • protection moyenne (15 à 25)
  • haute protection (30 à 50)
  • très haute protection (50+)

L’indice permet de calculer le taux de rayonnement qui va être transmis à notre peau. Il s’agit d’un taux pour les UVB à 1/indice. Pour vous donner un exemple, un indice de 30 signifie que la crème bloque 97% des rayons UVB (car 1/30 = 0.033, soit 3% d’UV de transmission). 

Pour les UVA, le niveau de protection est d’un tiers : une crème à facteur 30 aura un facteur de protection UVA de 10.

Les filtres des crèmes solaires

Il existe deux types de filtres : les filtres chimiques ou les filtres naturels, qu’on appelle aussi filtres minéraux. 

En réalité, dans une crème solaire, on peut avoir des filtres UV chimiques ou minéraux, ou encore combinés entre eux. 

Les filtres chimiques

Ce type de filtre agit en absorbant les rayonnements UV.

Les filtres minéraux

Les filtres naturels aussi appelés filtres minéraux ont une action réfléchissante qui permet d’éviter qu’ils ne pénètrent dans l’épiderme. 

Ce sont l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ils ne sont pas anodins pour l’environnement. En effet, comme ils restent sur la surface de notre peau, ils se retrouvent facilement dans les eaux et peuvent provoquer des problèmes pour les milieux marins. 

Alors pourquoi utiliser des filtres minéraux naturels plutôt que des filtres chimiques?

C’est un peu comme tout, on se rend compte que ce qui est chimique n’est ni anodin pour l’environnement, ni pour notre santé sur le long terme. 

Les ingrédients CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) sont en principe interdits.

Mais même si les produits cosmétiques sont parmi les produits dont la réglementation est la plus stricte au monde selon la Febea,  il n’en reste que beaucoup de produits chimiques sont utilisés et il n’est pas toujours évident de tout savoir sur leurs possibles effets toxiques sur le long terme.

De plus, les perturbateurs endocriniens sont encore mal réglementés.

Les filtres minéraux ont également moins de substances allergènes, donc les crèmes solaires de ce type donnent moins de problèmes d’irritations. 

Il faut aussi éviter les conservateurs chimiques tels que les parabens qui peuvent causer de nombreux problèmes de santé. Ceux-ci peuvent être remplacés par des ingrédients contenant de la vitamine E, tels que le Tocopheryl acetate.

L’étude réalisée par 60 Millions de consommateurs a pourtant montré que les crèmes solaires bios ne protègent pas aussi bien des UVA. A bien vérifier lors de votre achat.

Les ingrédients chimiques inquiétants retrouvés dans les crèmes solaires

60 Millions de consommateurs avertissent de 10 ingrédients extrêmement préoccupants souvent retrouvés dans les crèmes solaires:

6 filtres solaires : 

  • l’éthylhexyl méthoxycinnamate –  aussi remis en question par l’OCU – est  un filtre solaire suspecté perturbateur endocrinien
  • l’octocrylène
  • le 4-méthylbenzylidène camphor (4-MBC) qui aurait des effets sur la reproduction et le comportement de la faune aquatique, ainsi que des dangers comme perturbateur endocrinien
  • l’homosalate
  • les nanoparticules d’oxyde de zinc et de dioxyde de titane

Le dioxyde de titane nanoparticulaire ou titanium dioxide [nano] a longtemps été considéré sûr et est maintenant en passe de changer de statut, susceptible de passer à cancérogène possible (catégorie 2) par inhalation avec des conséquences réglementaires dans l’Union Européenne en 2021. Mais il s’agit là de controverses scientifiques dont nous ne pouvons pas encore être sûrs.

2 émollients : 

  • Le cyclohexasiloxane ou D6 ou dodecamethylcyclohexasiloxane est classé PBT (Persistant, bioaccumulable et toxique) et selon le GHS, il est nocif pour l’environnement aquatique sur le long terme. 
  • Cyclopentasiloxane ou D5 ou Dodecamethylcyclopentasiloxane a les mêmes caractéristiques que le D6.

Un antioxydant : 

  • le BHT (suspecté d’être un perturbateur endocrinien qui provoque aussi une écotoxicité dans les milieux marins.)

Un conservateur :

  •  le phénoxyéthanol (selon une étude japonaise, ce serait l’une des substances les plus détectées contaminant les rivières).

L’OCU dénonce également les mêmes substances qui seraient toxiques pour notre santé et pour l’environnement. 

Outre les filtres solaires mentionnés plus tôt, ils mettent en avant des conservateurs, et des parfums : 

  • Propylparaben et  butylparaben : 2 conservateurs qui ont un effet de perturbateur endocrinien
  • Butylphenyl methylpropional : un parfum associé à des allergies et dermatites de contact, qui plus est, possible mutagène. 

L’OCU expose également 26 ingrédients de parfums à éviter pour les allergies notamment le citral, geraniol, citronellol,Benzyl alcohol, Linalool, Benzyl benzoate et d-Limonene.

Le Benzyl alcohol est aussi repris dans l’analyse de Agir pour l’environnement, qui le classifie comme “très préoccupant” car pouvant produire des urticaires de contact, entre autres. 

Quant à son impact sur l’environnement, tout dépend de comment il a été produit. S’il a été synthétisé de manière pétrochimique, c’est un polluant, mais s’il est d’origine végétal, alors il peut être retrouvé dans des produits bios. 

Crème solaire et substances toxiques pour l’environnement

On a déjà vu précédemment que ce qui est mauvais pour notre santé l’est souvent aussi pour la faune marine. 

Selon l’OCU, les crèmes solaires sont globalement bien protectrices contre les UVB pour celles qu’ils ont analysées (facteur 30). Même constat pour 60 Millions de consommateurs (facteur 50+). Ce qui est plutôt rassurant.

Ils ont ensuite analysé plusieurs facteurs, tels que les ingrédients utilisés mais aussi les emballages. 

En effet, il faut voir l’éco conception du produit pour s’assurer qu’on puisse utiliser la totalité de la crème solaire. Ils évaluent aussi le matériau utilisé, sa recyclabilité ou biodégradabilité, entre autres.

Dans notre article sur le recyclage plastique, nous avions noté que les pistolets étaient impossibles à recycler. Donc si vous voulez une protection solaire bio, naturelle et avec un moindre impact sur l’environnement, il vaut mieux éviter ce type de flacon. 

L’OCU a également conclu que la plupart des protections solaires sont nocives pour l’environnement.

Ce n’est pas pour rien que Hawaï a interdit certains filtres depuis janvier 2021 afin de protéger les récifs coraliens,  notamment l’oxybenzone (benzophenone-3) et l’octinoxate.

Ils souhaitent d’ailleurs aller plus loin à partir de 2023, deux autres filtres font l’objet d’un projet de loi : l’octocrylène et l’avobenzone.

Protéger vous avant de vous baigner
Protéger vous avant de vous baigner

Au-delà des filtres organiques ou minéraux nocifs pour le milieu aquatique, d’autres ingrédients peuvent en effet être problématiques pour l’environnement, comme des solvants et des polymères.

Pour résumer, voici une liste des filtres les plus nocifs pour notre environnement :

  • Homosalate
  • Butyl methoxydibenzoylmethane:
  • Bronopol (2-bromo-2-nitropropane-1,3-diol)
  • DMDM Hydantoin
  • BHT
  • Composés EDTA
  • Parfums allergisants tels que limonene, hexyl cinnamate, le benzyl salicylate, le butylphenyl methylpropional
  • Les microplastiques : le dimethicone, carbomer et les polymères sont considérés comme des microplastiques et sont très présents dans les protecteurs solaires. Ces microplastiques, on en a parlé sur notre article sur le recyclage plastique ne sont pas biodégradables et sont impossibles à éliminer une fois introduit en milieu marin.

Les substances mal connues dans les protections solaires

Les nanoparticules

Les nanoparticules sont au cœur du débat pour les protections solaires.

Leur taille nano est maintenant considérée comme un possible danger. Pendant longtemps, on considérait très peu probable que les nanomatériaux puissent passer à travers la peau. Cependant, même si la possibilité reste faible, on ne peut plus l’ignorer. 

D’une part à cause de la bioaccumulation possible dans le corps mais aussi de leur possible évolution au contact d’autres substances, comme par exemple le chlore des piscines. 

Malheureusement, c’est ce qui est souvent utilisé dans les filtres minéraux censés être naturels et donc moins nocifs pour nos écosystèmes…

Le problème c’est que les marques veulent essayer d’améliorer leurs produits et les utilisent pour que les filtres minéraux laissent moins de traces blanches et soient plus faciles à appliquer… 

Les marques doivent mentionner les nanoparticules dans leurs produits. Cependant une récente enquête d’UFC Que Choisir a dénoncé que ce n’était pas le cas dans la plupart des cas. Donc vous pourriez vous procurer une crème solaire bio avec des nanoparticules sans le savoir, ce qui pourrait être mauvais pour votre santé et celle de l’environnement… 

Conseils pratiques pour vous protéger du soleil

Enfin, peu importe la protection solaire que vous allez choisir, il est bon de rappeler quelques bonnes pratiques.

  • Renouveler l’application toutes les deux heures quand vous vous exposez au soleil. voire plus souvent avec une crème bio.
  • Éviter de vous exposer aux heures les plus chaudes (11h-16h)
  • Faire attention aux enfants encore plus fragiles qui doivent absolument éviter le soleil
  • Utiliser des protections complémentaires à la crème solaire : chapeau, t-shirt, parasol
  • Se protéger avant la baignade (l’eau ne protège pas du soleil)
  • Se protéger après la baignade, une fois sec pour une meilleure efficacité de votre crème. 
  • Ne pas se fier au prix de votre crème solaire : il n’est pas garant de son efficacité selon les études de 60 Millions de Consommateurs et de l’OCU. 
  • L’écran total n’existe pas. L’indice SPF 50 va en fait dépendre de la quantité que vous allez mettre sur votre peau. Les calculs des indices ont été faits sur la base de 2 mg de crème par cm². On en met en moyenne 3 fois moins.
  • Votre crème solaire est un produit qui perd de sa qualité avec le temps : si mal conservée (au soleil, dans le sable, etc), son efficacité diminue. Son expiration devrait être indiquée sur le tube.

Expiration crème solaire

  • Il existe aussi des huiles solaires, qui, à SPF égaux, offrent la même protection que les crèmes. La seule différence est la texture. Pour les filtres naturels, ça évite les traces blanches. Assurez-vous simplement qu’elles ne contiennent pas de nanoparticules. 
  • Ne pas utiliser une protection toute l’année. Surtout avec des composantes chimiques. Inutile aussi les crèmes de jour avec SPF : si vous la mettez à 7h, elle n’aura plus d’effet lors de votre déjeuner en terrasse à midi.
  • Si vous utilisez une crème solaire à filtre chimique, il faudra l’appliquer au moins une demi-heure avant de vous baigner. C’est le temps nécessaire pour que la crème pénètre dans la peau, fasse effet pour vous protéger et évite ainsi de polluer la mer.

NB: Éviter la crème solaire avant la baignade ne change pas grand-chose à la pollution des océans pour les filtres minéraux qui restent sur la surface de la peau. 

Vous l’aurez compris, une protection solaire zéro impact n’existe pas. Même les vêtements anti-UV ont parfois des composantes chimiques, donc restez attentifs. 

Si vous connaissez une marque qui garantit être naturelle, sans nanoparticules, et qui protège à la fois des UVA et des UVB, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire ou encore à remplir notre carnet d’adresse en mentionnant le nom de la marque en question. Nous serons ravis d’étudier la question et d’éventuellement ajouter ces marques sur Planeta Sana pour aider la communauté à trouver des produits bons pour la planète et notre santé à la fois!

C’est notre vocation à Planeta Sana!

Autres sources utilisées pour l’écriture de cet article :
– OCU Salud 156 Juillet 2021 “Alta protección, Piel a salvo, pero el mar…”
– Beat the Microbead (ONG néerlandaise spécialisée sur le thème des microplastiques)
– 60 Millions de Consommateurs nº571 – Juillet 2021 “Solaire, le top de crèmes: essai – spray, crème, lait, efficaces contre les UVA et UVB, les plus écologiques.”

1 réflexion sur “Crème solaire : tout savoir sur sa protection et ses dangers pour l’environnement”

  1. En lisant cet article, j’ai beaucoup appris sur les crèmes et huiles solaires, dorénavant je serai très prudente et prendrai le temps de lire les notices, merci à toi de nous renseigner,ton article est très intéressant, merci pour tous les renseignements,jusque là je ne saisisais pas et grâce à ton article j’ai appris pleins de choses, bravo ,je l’ai relu ton article tellement il m’a plue, continue ainsi à nous écrire des articles l’un comme l’autre très captivantes et enrichissantes

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